Sur la commune de Saint-Vincent-de-Paul, dans le département des Landes, se trouve un ancien camp de prisonniers de la Seconde guerre mondiale. En 1940 des prisonniers « coloniaux » y ont été enfermés et en 1945, des prisonniers allemands leur ont succédé.
Malheureusement depuis plusieurs années, ce camp fait l’objet de pillages notamment par des utilisateurs de détecteurs de métaux. En 2018, l’association qui tente de réhabiliter le site a demandé une intervention de sauvetage. Le Service Régional Archéologique de Bordeaux a confié à notre association une opération de prospection-inventaire (autorisation préfectorale) afin de localiser, prélever et recenser tous les objets métalliques de la couche superficielle du camp.
Au cours des 8 journées d’interventions, les membres de l’association ont retrouvé plus de 1600 objets pouvant se rattacher à l’époque d’occupation du camp.
Principalement il a été trouvé des boutons d’habillement ou d’équipement de différents corps d’armées qui représentent 55% des objets extraits, quelques plaques gravées d’identité militaire, des monnaies, des effets personnels (tels briquets, rasoirs ou montres à gousset), quelques éléments de décorations militaires, des bijoux dont certains confectionnés localement, des jetons de jeux ou de prêt d’outils, des emballages et contenants (tube de dentifrice, bouteilles en verre, boîtes de médicaments, etc.), de la vaisselle militaire (quart, gourde, théière, moulin à café, couverts), des éléments de poêle de chauffage, quelques boulets de charbon, des ferrures de portes/fenêtres ou armatures de charpentes, quelques munitions de la Seconde guerre mondiale, un pistolet, deux casques allemands et localisé des conduites d’eau. Tous les objets ont été enregistré dans une base de données et remis officiellement à l’association qui gère le camp.
L’étude de tous ces vestiges va permettre d’approfondir la connaissance de l’organisation du site et des conditions de vie dans ce camp entre 1938 et 1948. Les densités par type d’objets et par secteur pourront en apprendre un peu plus sur l’affectation des baraquements et la vie quotidienne des prisonniers. Ces objets sont aussi un témoignage émouvant qui tire de l’oubli des faits occultés dans la mémoire collective. La recherche rend finalement hommage aux victimes de cet épisode dramatique de l’histoire récente sur notre sol landais.