A l’avers, le buste de profil, avec la légende «Philippe Pétain Maréchal de France, Chef de l’Etat». Au revers le bâton du Maréchal avec la francisque, symbole de l’Etat Français, avec la légende «Travail, Famille, Patrie» qui se substitue à la devise républicaine, la valeur faciale, les différents, et le millésime 1941.
La pièce de 5 Francs Pétain 1941 (cupronickel 25% nickel, Ø 22 mm, poids 4 gr.) va alors connaître un destin exceptionnel.
Le 3 Septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne, suite à l’invasion de la Pologne. En mai 1940, l’armée allemande lance l’assaut vers la France. Le 14 juin, les Allemands sont à Paris et continuent leur avancée sur le territoire de France. Deux jours plus tard, le Maréchal Pétain est nommé Chef du Gouvernement en remplacement de Paul Reynaud, démissionnaire. Dès le lendemain, Pétain demande l’armistice, signé officiellement quelques jours plus tard, à Retondes. La France défaite, abandonne le combat, même si de Londres, le Général de Gaulle lance son appel à la résistance le 18 juin. Le 10 juillet 1940, Philippe Pétain obtient les pleins pouvoirs et devient Chef de l’Etat Français. Devant la débâcle française, l’or de la Banque de France est évacué vers les départements d’Outre Mer, par bateaux, à partir du port de Brest. Dans le même temps, les ateliers de la Monnaie de Paris sont déménagés dans le sud de la France, pour assurer la continuité de la production. Au tout début de l’occupation, le 21 novembre 1940, le Graveur Général de la Monnaie de Paris, Lucien Bazor, est chargé de réaliser un nouveau type de pièce de 5 Francs.
Des pièces maintenues au secret :
200 millions de pièces sont initialement prévues par l’institut émetteur. Mais au total, seulement 13,782 ,000 pièces sont fabriquées dans les ateliers parisiens, au début de l’année 1941.
La frappe est subitement interrompue sur ordre de l’autorité allemande, qui interdit également la mise en circulation de la pièce de 5 Francs Pétain, ce qui explique sa rareté aujourd’hui sur le marché de la numismatique. D’une part, les Allemands refusaient de voir utilisé de grandes quantités d’un alliage à base de nickel, considéré comme stratégique; Ensuite, ces pièces auraient fait double emploi avec les billets en circulation; Enfin, l’apposition de l’effigie du Maréchal risquait de prêter à des manifestations d’opposition (comme cela avait déjà été le cas sous Napoléon III). Les monnaies sont alors stockées dans l’usine de la Monnaie de Paris à Castelsarrasin (siège du futur atelier monétaire de 1943 à 1946) et semblent vouées à être oubliées dans leurs emballages. Les monnaies dorment alors trois années, avant d’être sorties en catimini par une nuit de l’été 1944, certainement avant la débâcle allemande et la remontée des troupes du Reich vers le nord de la France. Elles sont alors chargées dans des sacs flambant neufs, sur une péniche à destination de l’Allemagne pour être refondues afin de récupérer le nickel. Mais la péniche est coulée par l’aviation alliée en Belgique et les pièces sombrent alors dans les eaux de la Sambre.
Certains riverains auraient récupéré environ 50,000 pièces dans la rivière (correspondant à deux sacs), qu’ils auraient ensuite écoulé par le biais des professionnels de la numismatique. C’est tout ce qui a été sauvé de la production de cette monnaie. Le séjour dans les eaux belges expliquerait l’aspect tâché et jaunâtre de nombreuses pièces de 5 Francs Pétain. Par la suite, il semble que la péniche ait été remontée à la surface par les Allemands et que les pièces repêchées par l’occupant aient été directement envoyées à Berlin et refondues, comme prévu par le plan initial. Sur près de 14 millions de pièces fabriquées, seules 50,000 d’entre elles ont été sauvées, à l’insu des autorités Allemandes et Françaises de l’époque. Cette pièce se trouve encore aujourd’hui assez facilement, à condition d’y mettre le prix, car elle conserve des cotations élevées compte tenu de sa rareté. Il s’agit en France, de la dernière représentation d’un Chef de L’Etat sur une monnaie, alors qu’il est dans l’exercice de ses fonctions. Il s’agit aussi de la seule pièce de monnaie où figure le portrait du Maréchal Pétain.